#56 : PODCASTHON 2025 - Remettre les pendules humanitaires à l'heure avec Cécile Coldefy et Antoine Peigney de Solidarités International
Filantropio20 mars 20251:21:2374.57 MB

#56 : PODCASTHON 2025 - Remettre les pendules humanitaires à l'heure avec Cécile Coldefy et Antoine Peigney de Solidarités International

Nous sommes arrivés à ce moment de l’année où la communauté du podcast se mobilise pour donner de la visibilité à des associations et ONG pendant une semaine. Avec plus de 1600 podcasts, issus de 47 pays, le Podcasthon est l’événement caritatif le plus hot de la toile !


Pour ma 3ème participation, je vous propose un épisode à deux voix qui va remettre les pendules de l’humanitaire à l’heure. Il faut dire que les récentes facéties de Donald Trump en matière d’aide internationale nous ont donné une opportunité inédite de faire le point sur ce secteur au financement et aux contours pas si connus du grand public.


Comme beaucoup de gens, j'ai découvert dans l'actualité que l'USAID était le plus gros bailleur de fonds de l'aide internationale à hauteur de 42% des contributions mondiales (2024). Son amputation, probablement anticonstitutionnelle, par le président américain, a créé une véritable onde de choc.


Pour parler de ces défis, je reçois Cécile Coldefy et Antoine Peigney de Solidarités International, une ONG engagée sur le terrain des conflits et des catastrophes naturelles depuis 1980.


Vous allez assurément apprendre plein de choses en compagnie de mes invités :


👉 Comment est née l'ONG et la manière dont elle s'inscrit dans le paysage de l'humanitaire français

👉 Quels sont les enjeux liés à la problématique de l'eau, sa spécialité d'intervention

👉 Comment le démantèlement de l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international va impacter le monde humanitaire et Solidarités International en particulier

👉 Quelles pistes d'avenir pour contrer l'effondrement des financements et les récits pessimistes


Références citées dans l'épisode :


📌 Bioforce, l'école humanitaire

📌 ECHO, l'Office humanitaire de la Communauté européenne

📌 Le Grand Bargain

📌 Baromètre 2022 de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène

📌 Article de Carenews "L’aide internationale : la fin d’un modèle ?"



Bonne écoute !

Charlène

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Crédits:

Production, animation, montage et mixage : Charlène Petit

Musique libre de droit : Cool Chillhop par Phil Larson

Générique : Charlène Petit et Yannick Bisson


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[00:00:06] Président

[00:00:34] S'emparer d'un mot qui porte l'amour de l'humanité comme message. En saisir tout le sens et la complexité en toute simplicité. Découvrir des hommes et des femmes qui s'engagent. Écouter leurs histoires et enchanter le monde avec authenticité. Bienvenue dans Philanthropio, le premier podcast francophone qui raconte la philanthropie et dans lequel je vais à la rencontre de ceux qui la font.

[00:01:04] Bonjour, je suis Charlène Petit et vous écoutez le podcast engagé qui rime avec générosité. Ça y est, nous sommes arrivés à ce moment de l'année où la communauté du podcast se mobilise pour donner de la visibilité à des associations et ONG pendant une semaine. Avec plus de 1600 podcasts issus de 47 pays, le podcaston est l'événement caritatif le plus haut de la toile. Pour ma troisième participation, je vous propose un épisode à deux voix

[00:01:32] qui va remettre les pendules de l'humanitaire à l'heure. Il faut dire que les récentes facéties de Donald Trump en matière d'aide internationale nous ont donné une opportunité inédite de faire le point sur ce secteur au financement et aux contours pas si connus du grand public. Pour en parler, je reçois Cécile Coldefi et Antoine Peignet de Solidarité Internationale, une ONG engagée sur le terrain des conflits et des catastrophes naturelles depuis 1980. Vous allez assurément apprendre plein de choses en compagnie de mes invités

[00:02:02] dans cette conversation un peu plus longue que d'habitude, mais passionnante de bout en bout. Bonne écoute ! Bonjour Cécile et Antoine ! Bonjour ! Bonjour ! Écoutez, je suis ravie de vous recevoir pour cet épisode spécial podcaston qui a pour objectif de mettre en lumière votre ONG Solidarité Internationale. On va parler de votre mission, vos combats, vos espoirs et peut-être aussi, pourquoi pas, des coups de gueule compte tenu du contexte actuel.

[00:02:31] En tout cas, on a beaucoup, beaucoup de sujets à couvrir ensemble. Rapidement, Solidarité Internationale, même si on va prendre le temps d'expliquer plus en profondeur ce que vous faites. En quelques chiffres, ce sont près de 5 millions de personnes secourues, 3200 employés nationaux et internationaux et 27 pays d'intervention. Depuis les années 80, vous avez notamment développé une expertise reconnue

[00:02:57] et un savoir-faire en matière d'accès à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène à travers le monde. Rappelons qu'il y a encore 2 milliards de personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable et que 300 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année des suites de maladies liées à une eau insalubre. Alors, avant qu'on rentre un petit peu plus dans le détail de Solidarité Internationale, je voudrais vous présenter à nos auditeurs.

[00:03:23] Donc, Cécile Coldefi, vous êtes diplômée du CELSA et ancienne journaliste. Vous avez pris vos marques en philanthropie il y a une vingtaine d'années maintenant. Vous avez d'abord travaillé en agence pendant 11 ans en communication digitale chez Essédi, puis en conseil stratégique en fundraising chez Excel. Par la suite, vous avez été responsable marketing et mobilisation pendant 8 ans pour AFM Téléthon, avant de rejoindre Solidarité Internationale en tant que directrice développement et communication.

[00:03:53] Antoine Peignet, vous êtes le président de Solidarité Internationale depuis 2018. Vous avez une longue carrière dans l'humanitaire. Vous êtes diplômée de Bioforce, le premier établissement de formation des professionnels de l'humanitaire en France. Et vous avez effectué plusieurs missions humanitaires entre 1989 et 1994, notamment en Roumanie, au Liban, en Bosnie, au Sud-Soudan, en Éthiopie, en Somalie, en Mauritanie, en Serbie,

[00:04:22] au Kosovo, en Angola et en Haïti. Alors, par la suite, vous avez été responsable des programmes Afrique de l'ONG Équilibre. Et en 1998, vous avez intégré la Croix-Rouge française, où vous êtes resté une quinzaine d'années, d'abord à titre de responsable du pôle opérationnel, puis en tant que directeur des relations et opérations internationales. Et depuis 2017, vous êtes le directeur du département Santé d'Expertise France,

[00:04:50] qui est un opérateur du groupe AFD, donc l'Agence française de développement. Alors, la première question que j'ai envie de vous poser à tous les deux est qu'est-ce qui vous a motivé à vous engager, pour vous Antoine, ou à faire le saut, pour vous Cécile, dans l'humanitaire ? Alors, d'abord, bonjour et merci Charlène de nous inviter à cette discussion. Petite précision en amont de la réponse que je vais vous faire.

[00:05:17] Nous servons 5 millions de personnes par an, avec les capacités que vous avez mentionnées. Pour ma part, je me suis engagé dans l'humanitaire en 1989, ça fait 35 ans. Je cherchais tout simplement, j'avais 25 ans, je cherchais tout simplement à donner un sens à ma vie. Et l'humanitaire de l'époque, on y viendra tout à l'heure en retraçant les grandes périodes de l'humanitaire, des états humanitaires très bénévoles, très rustiques, qui pouvaient

[00:05:42] séduire un jeune homme ou une jeune femme de l'époque des années 80 en quête d'aventure, mais d'aventure utile à l'autre pour donner un sens à cet engagement. Et Bioforce, que vous avez mentionné, m'a confirmé dans ce choix qui a guidé ma vie depuis toutes ces années. Oui, d'ailleurs, j'ai appris en préparant l'épisode l'existence de cet établissement qui est spécialisé dans la formation des professionnels de l'humanitaire. D'ailleurs, vous avez été, je crois, membre du conseil d'administration pendant 14 années.

[00:06:11] Donc, c'est une institution que vous connaissez bien et dans laquelle vous avez été très impliqué. Absolument. C'est quasiment la première école de l'humanitaire au monde dans les années 80, la fin des années 80, pour commencer à structurer un humanitaire qui va se professionnaliser dans les années 90 et 2000. Et Charles Mérieux, dont on connaît le nom dans cette lignée d'industriel de la pharmacie, a créé cette école à l'époque, en 1986-87, car il avait une vision de la nécessité de renforcer la logistique.

[00:06:40] L'humanitaire des deux premières décennies, des années 70 et 80, était un humanitaire très rustique et surtout très porté par des spécialistes, des techniciens, que ce soit des médecins, des kinésithérapeutes, des infirmiers. Et au fur et à mesure que les humanitaires ont commencé à progresser en termes de capacité, ils sont aperçus qu'il y avait une donnée logistique qui était essentielle pour qu'ils puissent accroître leur impact et leur action. Et c'est de là qu'est venue l'idée de créer cette école de logistique dans l'humanitaire sous l'impulsion de Charles Mérieux et de Charles Hernu aussi, qui était ministre

[00:07:09] de la Défense, qui était aussi lyonnais. Ils n'étaient pas du même bord politique, l'un était plutôt de droite et l'autre plutôt de gauche, donc gouvernement socialiste français de l'époque. Et pour autant, les deux réunis par un même idéal de créer ce creuset de formation qui allait permettre à des milliers de jeunes depuis 1986 de se former, partir ensuite en mission. D'accord. Merci pour cette petite précision historique qui nous permet de mieux comprendre comment est née cette école.

[00:07:38] Et pour vous, Cécile, qu'est-ce qui vous a fait faire le saut dans l'humanitaire ? Moi, j'avais presque deux fois l'âge d'Antoine. Donc, en juin dernier, puisque c'est tout récent, j'ai fait ce fameux saut et je l'avoue, je l'ai fait avec au moins autant d'innocence qu'il en avait à 25 ans, alors que j'en avais bientôt 50.

[00:08:01] Avec l'envie qui m'avait d'abord portée à être journaliste, c'est-à-dire la curiosité, l'envie de rendre compte, l'envie d'aider et puis d'apporter une contribution à l'échelle de ce que moi, je sais faire, c'est-à-dire de la communication et puis du marketing au service de la collecte de fonds pour les associations.

[00:08:26] En fait, le secteur des ONG par rapport au secteur associatif n'a pas été un premier choix nécessairement. Je connaissais Solidarité internationale, j'avais eu l'occasion de les rencontrer quand j'étais en agence et donc je n'étais pas enterrée inconnue, c'était déjà une ONG qui avait su à l'époque me séduire, mais je ne m'attendais pas à ce qui s'est

[00:08:52] passé par la suite, c'est-à-dire très rapidement, ce secteur des ONG, ce secteur de l'humanitaire, ça a été un vrai crush. Donc finalement, le saut n'était pas tant une décision, mais en revanche, ces quelques mois depuis le saut me confirment dans le fait que j'ai bien fait de sauter, puisque

[00:09:16] je suis chaque jour un peu plus fascinée par l'expertise, l'immense expertise de mes collègues et particulièrement de mes collègues sur le terrain, sur cette capacité à agir au plus près des populations les plus fragilisées, sur une forme de pragmatisme et d'engagement

[00:09:41] immense et par les personnalités qu'on y rencontre. Donc voilà, j'ai pas vraiment de raison à avoir rejoint l'humanitaire, mais je pense que maintenant j'en ai une grande pour y rester. Bon, donc un gros coup de cœur pour vous qui êtes en poste depuis quelques mois chez Solidarité Internationale. On va parler un petit peu plus du contexte de l'humanitaire, je pense que c'est important, les gens ne l'ont pas forcément toujours en tête. Donc on l'a dit, l'association est née en 1980 sous la houlette d'Alain Boinet, qu'il a dirigée pendant 30 ans.

[00:10:11] Qu'est-ce qui a concouru à la création de Solidarité Internationale à l'époque ? Alors, Solidarité Internationale a été créée par Alain, qui avant de créer l'association, qui s'est appelée d'abord Solidarité Afghanistan, était le directeur de la mission Afghanistan pour une autre ONG française qui l'hébergeait à l'époque, c'était la Guilde Européenne du RAID. Il y avait finalement assez peu d'ONG à la fin des années 70, les Médecins Sans Frontières, ensuite, tout début des années 80, il y avait la Guilde Européenne du RAID également,

[00:10:38] et puis un certain nombre d'ONG qui se sont créées. Et donc, la Guilde Européenne du RAID, comme quelques autres, était engagée en Afghanistan, et Alain a choisi de prendre son autonomie pour créer une ONG qui se dédie complètement à ce pays qui démarrait une guerre très difficile contre l'URSS, qui l'avait envahie en 79, après avoir organisé un coup d'État pour mettre un régime à sa main. Ce conflit afghan qui a duré jusqu'en 1989, donc 10 ans, et qui a été un vrai creuset d'engagement

[00:11:07] de cette génération d'humanitaires à l'époque, son sous-estimé d'engagement dans d'autres pays, en Asie, au Cambodge, etc. Mais l'Afghanistan a été une vraie école de formation et d'engagement. Et donc, Alain Boinet a créé Solidarité Afghanistan. Et puis, 10 ans plus tard, il a créé Solidarité Liban. À l'époque, le Liban terminait aussi une guerre de 15 ans, de 75 à 90. Donc, il avait choisi de créer une ONG

[00:11:33] qui se dédie au Liban pour voir comment nous pouvions aider les Libanais. Et puis, l'année suivante, Solidarité Roumanie, dont on se souvient également, en 1990, de la révolution qui mettait fin au régime de Ceausescu. Et de ces trois solidarités, qui ont toutes été créées par le même homme, est née Solidarité tout court, avec un S, qui ensuite a précédé Solidarité-International. Mais globalement, c'est la même ONG qui, ensuite, s'est élargie considérablement sur des dizaines et des dizaines de pays de causes. Vous l'avez résumé au début de notre discussion.

[00:12:03] D'accord. Donc, on a vu un nombre significatif d'ONG françaises qui ont été créées dans les années 70-80. Pourquoi cette période a marqué un tournant dans le paysage humanitaire français ? Je dirais que le tournant, c'est plutôt après. C'est plutôt les années 90-2000. Les années 70-80, c'est le socle fondateur de l'humanitaire post-moderne. Il y avait déjà une action humanitaire au sens de la solidarité en cas de crise.

[00:12:31] Il datait de la première convention de Genève, la naissance de la Croix-Rouge, après la bataille de Solferino. La Croix-Rouge qui se crée dans chaque pays, sous l'égide du Comité international de la Croix-Rouge. Et puis, au lendemain de la Première Guerre mondiale, vous avez des ONG, Save the Children qui se créent, la Ligue des Droits de l'Homme. Vous avez aussi l'ONG Plan en Espagne pour venir en aide aux victimes de la guerre civile en 1937. Vous avez une ONG britannique qui est toujours très célèbre, Oxfam, qui se crée en 1942.

[00:12:58] En 1945, l'ONG Care qui est toujours très connue. Et puis le Secours populaire français en France qui est issu du Secours rouge qui s'était structuré avec la résistance pendant la Première Guerre mondiale. Donc, tous ces ONG existent et, aux côtés du mouvement Croix-Rouge, sur des causes que je venais de résumer, délivraient une aide publique qui était affectée par ces grands conflits de la Première Guerre mondiale et de la Seconde Guerre mondiale. Et puis ensuite, vous avez une période jusqu'à la décolonisation

[00:13:26] où l'action de solidarité se fait de manière assez discrète. On est plutôt sur de la charité ou de l'action sociale. Et puis, à la décolonisation, vous avez en 1960, la première décide des années 60, plutôt quelques ONG qui se créent, mais c'est plutôt dans le monde du développement. Vous avez l'ONG World Wide Fund qui est très connue, le WWF qui se crée en 1961. Vous avez en France le Comité catholique contre la faim et pour le développement, le CCFD qui se crée aussi en 1961. Terre des Hommes, une ONG très connue en Suisse qui se crée en 1963.

[00:13:55] Ce sont des ONG qui commencent à anticiper les défis liés à ces pays qui viennent de naître dans leur indépendance et les premiers défis écologiques. Et pour répondre à votre question, les années 70, c'est le tournant dans le sens où Médecins Sans Frontières, sur fond de guerre du Biafra, se distance avec la Croix-Rouge internationale, qui agit et ne parle pas en décidant d'agir et de témoigner.

[00:14:22] Et ça, c'est vraiment l'acte fondateur de ces fondateurs d'MSF qui décident en 1971 de créer l'ONG. À cette première création, d'autres ONG dans la même veine, même ADN, se créent. En 1979, vous avez Médecins du Monde, Aide Médicale Internationale, vous avez aussi Action Internationale contre la faim qui s'appelle ACF maintenant, qui a été créé par Bernard-Henri Lévy et François Giraud. Ça, c'est donc les années 70.

[00:14:50] Et puis, on continue dans la décennie des années 80. Et là, vous avez toute une série. Alors, je parle essentiellement de la France, bien sûr. Je ne veux pas faire du chauvinier, mais je connais mieux ce secteur que le reste du monde. Mais j'imagine que dans les autres pays, d'autres ONG un peu similaires se sont créées. Mais en France, c'est vraiment une école de l'humanitaire moderne qui s'installe avec une volonté d'aller sur les lignes de front, de franchir les frontières clandestinement pour porter secours là où c'est nécessaire

[00:15:17] et de rapporter des témoignages. Et donc, on a ces ONG qui sont en solidarité internationale, on vient de le dire, solidarité qui se crée en Afghanistan, mais aussi équilibre. L'ONG que vous citiez pour laquelle j'ai travaillé, handicap international, qui est très connu, vétérinaire sans frontières, enfant réfugié du monde, aide et action, care France, santé Sud, pharmaciens sans frontières, reporters sans frontières. Toutes ces ONG se créent beaucoup sur fond de conflits en Afghanistan ou au Cambodge.

[00:15:41] Et puis, on a parlé de Bioforce, donc en début des années 80, la création de cette école, qui est la première école au monde qui tente déjà d'organiser la logistique humanitaire. On voit que ces 15 années passées déjà nécessitent que l'humanitaire se structure d'un point de vue logistique. Et puis, pour terminer sur cette double décennie, au niveau des États, la France est aussi très leader, très pionnière, puisque en 1986,

[00:16:09] Jacques Chirac était alors Premier ministre, nomme Claude Maluret, qui était parti des fondateurs de Médecins sans frontières, secrétaire d'État, cherché des droits de l'homme, ce qui aussi précède la création, là encore en 1986, d'une autre ONG française qui s'appelle Enfant du monde, droits de l'homme, qui existe toujours. Et puis, pour achever cette décennie des années 80, en 1988, la France est le premier pays au monde à se doter d'un ministre dédié à l'action humanitaire sous la présidence de François Mitterrand. C'est Bernard Kouchner, il est secrétaire d'État de 1988 à 1992.

[00:16:39] Et là, on peut dire que l'humanitaire d'État commence à s'installer et a désormais un visage. Et Bernard Kouchner qui va utiliser cette fonction pour tenter de faire évoluer le droit, notamment en installant un concept de droit d'ingérence qui sera adopté le 8 décembre 1988 par l'Assemblée Générale de l'ONU et qui veut remettre en question le principe intangible

[00:17:04] de la souveraineté des États pour tenter de trouver un moyen d'accéder aux victimes indépendamment de la souveraineté de ces États. Ça, c'est la double décennie, 70-80, vous voyez, pour structurer un peu le paysage de l'époque. Et puis alors, les années 90, et là je vais être plus court, c'est là où je vois plutôt le tournant puisque de ces naissances, de ces enthousiasmes qui sont très bénévoles encore une fois, moi je commence ma vie dans l'humanitaire en 1989-90,

[00:17:34] je marche sur la trace de mes aînés qui sont tous les fondateurs de ces ONG. C'est très bénévole encore, on est vraiment, il n'y a pas d'Internet naturellement, on part aux quatre coins du monde avec trois sous, on est dans un humanitaire plus de démonstration qu'un humanitaire d'impact. Mais évidemment, les crises se multiplient, le mur de Berlin tombe, et donc là, les années 90 vont voir l'explosion de conflits liés à la fin du bipolarisme,

[00:18:00] à la montée des nationalismes, des mouvements identitaires, religieux dans les pays, etc. Bref, beaucoup de conflits. Et donc les humanitaires vont là passer de plus en plus à un humanitaire d'impact. Il s'agit d'agir de plus en plus au plus grand profit du plus grand nombre de victimes. Donc là, les années 90, c'est un tournant, c'est là où je le situe plus, voyez-vous, c'est-à-dire on passe à un humanitaire professionnel. Là, on commence à salarier les travailleurs humanitaires,

[00:18:27] à les protéger davantage, à leur donner des moyens qui sont considérables, logistiques, de transport. On structure véritablement cet humanitaire de cette décennie des années 90. Ça s'accompagne de la création au niveau de l'Union européenne en 1992 de la direction générale ECO, qui va être le plus grand bailleur humanitaire au monde, avec les États-Unis naturellement, dont on sait aujourd'hui le recul, le tournant, on en parlera tout à l'heure,

[00:18:54] mais ECO se crée sous l'impulsion des États membres de l'Union européenne pour financer massivement tout ce geste humanitaire, tous ces acteurs qui sont très professionnels, qui deviennent de plus en plus redevables, qui sont capables de rendre des comptes également sur des budgets qui vont au-delà de l'argent qu'ils collectaient jusqu'à présent auprès de leurs donateurs sur des événements par-ci ou par-là et qui vont devenir de plus en plus impactants. Ce qui me permet de rebondir effectivement tout à fait très rapidement,

[00:19:24] c'est-à-dire que ce panorama de la geste humanitaire effectivement fait un parallèle avec la geste du fundraising à la française, puisque en fait, fin des années 60, on a la création de la Fondation France, qui est quand même un peu un acte fondateur. Les années 80 vont voir des temps forts en termes de collecte de fonds auprès des particuliers et notamment marqués essentiellement par l'amendement Coluche

[00:19:53] et la création des Restos du Coeur. Et parallèlement à l'international, c'est la période du Live Aid. Donc, ils vont être des temps clés où vraiment aussi, non seulement ces associations et ces ONG se développent en répondant à des besoins urgents, comme l'a si bien décrit Antoine. Mais parallèlement, cette mobilisation aussi du grand public connaît une forme de mouvement parallèle et la professionnalisation et également,

[00:20:24] que vient de décrire Antoine, qui est le point de bascule dans les années 90, se fait également sur cette modalité de financement, notamment dans le cadre du fundraising, où vraiment le milieu des années 90, avec la crise de l'arc, avec le scandale Crozemarie, qui manque engloutir finalement le mouvement de générosité publique, va amener à une professionnalisation aussi, à un développement de la professionnalisation,

[00:20:53] du financement de l'action humanitaire auprès du grand public, entre autres. Ok. Merci beaucoup. Vous nous avez fait un historique assez complet du monde humanitaire, si on résume un petit peu les années 70, on sort du contexte postcolonial, on remet un petit peu en question l'aide traditionnelle, on va dire peut-être un peu plus paternaliste. L'année 80 émerge le concept de sans-frontierisme, l'année 90 on est vraiment à l'ère de la structuration

[00:21:22] et de la professionnalisation du secteur. Donc on voit que c'est quand même finalement trois décennies charnières. Le monde humanitaire semble très codifié avec un vocabulaire qui lui est propre. Il y a par exemple les quatre principes humanitaires fondamentaux, que sont l'humanité, la neutralité, l'impartialité et l'indépendance. Et puis après il y a d'autres éléments structurants qui sont le mandat humanitaire. On ne parle pas de mission,

[00:21:51] mais plus spécifiquement de mandat humanitaire. Les standards techniques qui sont propres à tout ce qui a trait à l'approvisionnement, l'assainissement, l'hygiène, la nutrition, etc. Ou encore ce qu'on appelle les clusters et autres mécanismes de coordination. Est-ce que vous pouvez nous éclairer sur ces différents aspects au sein de Solidarité internationale ? Alors absolument. D'abord commençons par les principes humanitaires parce que les principes humanitaires, c'est le socle.

[00:22:20] Donc un peu d'histoire à nouveau. On part de 1965 à Vienne et c'est le mouvement de la Croix-Rouge qui adopte sept principes humanitaires pour régir son action. Le mouvement de la Croix-Rouge en 1965 a un certain nombre de sociétés nationales, de Croix-Rouge, de Croix-San-Rouge, qui ont été créées dans le monde, dans les pays qui ont signé les conventions de Genève, puisque c'est une des conditions exigées pour qu'un pays se dote d'une société nationale. Il faut qu'ils soient signataires des quatre conventions de Genève

[00:22:49] et de leur protocole additionnel. Bien, donc en 1965, il y a quand même beaucoup de pays qui l'ont signé, beaucoup de Croix-Rouge, de Croix-San-Rouge, le CICR qui agit dans les terrains de conflit, la Fédération internationale à la Croix-Rouge qui coordonne toutes ces Croix-Rouge et ces Croix-San-Rouge dans le monde. Et en 1965, le mouvement de la Croix-Rouge se dote de sept principes, dont quatre principes sont ceux que vous avez cités, l'humanité, l'impartialité, l'indépendance et la neutralité.

[00:23:18] Et puis la Croix-Rouge y ajoute trois principes qui sont des principes de comportement, qui sont, je dirais plutôt, le volontariat, l'unité et l'universalité, qui sont cohérents dans le fonctionnement du mouvement de la Croix-Rouge. Ces quatre principes d'action vont être adoptés par les ONG qui se reconnaissent entre elles

[00:23:48] sous l'adjectif humanitaire. L'adjectif humanitaire, ça définit une adhésion à ces quatre principes d'humanité, d'impartialité, de neutralité, d'indépendance et ça participe de l'action qui se détermine par un choc, un choc qui affecte des populations. Sur les quatre principes, si on les définit un peu plus précisément,

[00:24:18] l'humanité, le principe d'humanité, ça marque le devoir pour l'ONG dite humanitaire de placer la personne au centre de l'agenda de son action. Ça n'est pas anodin ce que je dis, parce que vous pouvez avoir un geste médical extrêmement précis et tout à fait désintéressé qui est fait par un médecin d'une ONG médicale humanitaire et le même geste

[00:24:47] qui peut être fait aussi par un médecin militaire dans le cadre d'un déploiement, d'une intervention armée avec son support médical pour soigner ses blessés et dans la doctrine de ce qu'on appelle le civilo-militaire. Le même geste, la même attention auprès de la même femme afghane qui vient demander de l'aide parce qu'elle est blessée. Mais le geste médical du médecin militaire n'est pas humanitaire. Il ne l'est pas

[00:25:16] parce que le médecin militaire manque de cœur ou d'empathie. Il ne l'est pas parce que le médecin militaire inscrit son geste dans un agenda politique. Son dispensaire de campagne, son hôpital de campagne est déployé conformément au déploiement du contingent français en Afghanistan ou américain. Et si la France retire ses troupes, elle retire son dispensaire. Alors que le dispensaire de médecins sans frontières va rester en Afghanistan de manière totalement indépendante à l'évolution d'un conflit et les médecins humanitaires vont rester

[00:25:45] avec comme seule finalité de secourir la détresse, soigner les plus vulnérables et les blessés. Donc ça, c'est le principe d'humanité. L'impartialité, ça traduit la volonté de secourir la personne à la mesure de sa seule souffrance. Ça complète et ça précise le principe d'humanité. L'indépendance, ça dit que l'ONG humanitaire doit mener ses propres évaluations et conserver la maîtrise de son action. Ça ne signifie pas

[00:26:14] que nous refusons des financements de l'État français, de l'Union européenne ou de l'État américain, mais c'est nous qui les sollicitons, c'est nous qui les demandons et c'est nous qui pouvons éventuellement refuser de s'en faire octroyer parce qu'on estime que les conditions liées à ce financement public nous engageraient au-delà de notre neutralité. Et puis, la neutralité, c'est sans doute le principe le plus discuté, pour être très franc, car autant pour la Croix-Rouge,

[00:26:43] ce principe de neutralité, il est parfaitement compris à la fois parce que la Croix-Rouge, dans son mandat, ne parle pas, elle documente les exactions, elle parle à tous les belligérants pour réduire le degré de violence qui s'adresse aux populations civiles. Et puis, cette neutralité pour la Croix-Rouge, c'est aussi le principe de marquer la Croix-Rouge sur ses véhicules ou sur des établissements physiques pour les protéger au regard des conventions de Genève. Ce sont des emblèmes distinctifs,

[00:27:13] les emblèmes de la Croix-Rouge qui ne sont pas des logos des ONG. Donc ça, ça a un sens très légal au regard du droit international. Les ONG, c'est vrai, peuvent utiliser ce principe de neutralité de manière un peu plus flexible car, notamment dans les années 70 que je citais tout à l'heure, les années 80, les ONG, très souvent, assumaient de franchir des frontières pour aller se porter délibérément dans un camp en conflit. Le Sud-Soudan, à l'époque, en guerre

[00:27:43] contre le Nord-Soudan, on franchissait clandestinement la frontière de l'Ouganda, le Soudan et sans aucun visa. L'Afghanistan, j'en ai parlé et dans bien des conflits, c'était la même chose. On l'assumait. Dès lors, on pouvait éventuellement penser que cette action volontairement clandestine, engagée, déterminée, pouvait remettre en question un principe de neutralité. Mais ce sont des débats un peu intellectuels et qui ne nous traumatisent pas non plus outre mesure.

[00:28:13] On sait ce que ça signifie globalement le principe de neutralité, c'est de ne pas afficher d'opinion politique, religieuse, philosophique qui emmènerait l'ONG humanitaire sur d'autres terrains que celui de vouloir secourir les victimes. Et puis, pour terminer sur cette réponse, c'est intéressant de noter aussi que l'Union européenne, en 2007, a adopté le consensus humanitaire européen. C'est-à-dire que les États, je parlais tout à l'heure d'un humanitaire d'État avec la France qui se donne

[00:28:42] d'un Premier ministre dédié à l'action humanitaire et après, c'est devenu monnaie courante. Dans beaucoup, beaucoup de pays, il y a eu des secrétaires d'État, des ministres qui suivaient l'action humanitaire. Et donc, les États, en tout cas, pour ce qui concerne les États européens, ils se sont engagés à adopter ce consensus humanitaire européen, donc à faire leur ces quatre principes. C'est un peu plus contestable, encore une fois, parce que là, pour le coup, les États ont une vraie politique. Mais en tout cas, l'Union européenne était très vertueuse et ses États,

[00:29:12] à l'époque, tout à fait vertueux en se disant que le budget qui serait confié à la direction générale de ECO, que je citais, qui a été créé en 1992, à l'époque, c'était 900 millions d'euros à sa création, c'était déjà très important. Là, maintenant, on est à près de 2 milliards. Eh bien, que ce budget serait véritablement dédié par cette direction générale de manière parfaitement indépendante de la logique politique de l'Union européenne et de ses États membres et véritablement aligné sur un baromètre

[00:29:42] de la souffrance des populations victimes de conflits, de catastrophes naturelles, de crises sanitaires. Voilà pour les principes. D'accord. Et Cécile, est-ce que vous voulez nous parler un petit peu du mandat humanitaire de solidarité internationale ? Je pense que je ne serais peut-être pas la plus légitime, mais pour faire une petite boutade concernant le vocabulaire spécifique, je peux témoigner pour avoir passé, je pense, mes deux premiers mois

[00:30:11] dans chacun des codires de notre structure à faire énormément de requêtes sur tous les moteurs de recherche pour comprendre le vocabulaire de mes collègues. que oui, en fait, le monde humanitaire, c'est un vocabulaire en tant que tel qui lui est propre avec des fonctionnements qui lui sont propres. Mais du coup, pendant très longtemps, par exemple, j'étais très amusée par le fait qu'on parlait beaucoup d'OSS. Alors moi, je ne connaissais que OSS 117, vous voyez ? Et en fait, j'ai fini par comprendre

[00:30:40] que ce n'était pas assez du tout. Mais ce que j'ai pu en retenir et qui reste, je pense, pour la béotienne que je reste à date mais qui est peut-être compréhensible, c'est qu'effectivement, ce qui est propre, par exemple, au monde des ONG par rapport au monde de l'associatif, donc au monde de l'humanitaire, c'est vraiment, je pense, et c'est en grande partie lié avec ce mandat, c'est que le sens de l'intérêt général y est peut-être plus aigu qu'ailleurs. Il y a vraiment une logique de travail en coordination avec l'ensemble

[00:31:10] des acteurs, c'est-à-dire que finalement, un humanitaire sur le terrain, ce n'est pas une personne toute seule qui représente une structure comme Solidarité internationale, c'est vraiment l'ensemble d'acteurs d'ONG qui travaillent en lien avec des structures, des associations, des acteurs locaux qui sont de véritables partenaires de l'action et où la personne qui bénéficie de cette aide est elle-même actrice de l'aide qui lui est apportée. Et ça, c'est vraiment, je trouve,

[00:31:40] pour avoir travaillé dans d'autres secteurs associatifs où il y a parfois une, enfin, je trouve moins fortement cette notion de coopération entre les différents acteurs qui est vraiment extrêmement marquée. Donc, ces notions de principe de coordination, de cluster, etc., sont vraiment clés et je trouve particulièrement riches d'enseignements plus globalement au-delà même du secteur associatif sur la manière de travailler

[00:32:09] ensemble. Je trouve que c'est un secteur qui porte très fort dans son savoir-faire des modes de coopération qui sont particulièrement aboutis et efficients. Et pour compléter ce propos de Cécile sur la question du mandat humanitaire, il faut retenir, en fait, une addition de deux choses. C'est l'adhésion aux quatre principes et c'est l'action

[00:32:39] de se porter aux côtés des populations qui sont victimes d'un choc. C'est vraiment l'addition de ces deux déterminants qui, pour moi, fait l'adjectif et le mandat de l'humanitaire. Le choc qui peut être politique en entraînant un conflit armé asymétrique, symétrique, voire d'extrême violence liée à des gangs, etc. Le choc peut être lié

[00:33:09] à une catastrophe naturelle, tremblement de terre, tsunami, ouragan, cyclone et que sais-je. Le choc qui peut être sanitaire, une famine ou une situation de très grande malnutrition pouvant conduire à une famine. Ebola, le Covid, le choléra, des chocs sanitaires qui, d'un seul coup, déstabilisent complètement un système de santé et nécessitent

[00:33:38] un appui comme une béquille à côté d'une jambe fragile. Ces chocs-là, c'est ça qui détermine l'engagement d'ONG dites humanitaires qui complètent l'action des ONG dites de développement, dont le point de départ n'est pas un choc, mais un engagement à venir aux côtés de populations qui vivent une situation de pauvreté chronique

[00:34:08] liée à l'environnement, liée à la conjoncture et qui vont être accompagnées dans un pays qui est par ailleurs stable, qui dispose d'autorité pour pouvoir cheminer à leur rythme et gagner en autonomie. Et puis, vous avez des ONG de droits, droits humains, droits de l'environnement, droits des animaux. Donc, toutes ces ONG se complètent par leur mandat, mais les ONG humanitaires,

[00:34:37] c'est vraiment les quatre principes qui sont très importants, notamment pour l'action dans les conflits. On y viendra un peu tout à l'heure dans l'évolution des ONG, car c'est là où elles doivent être le plus distantes des porteurs d'armes les plus neutres, les plus exemplaires pour éviter d'être prises à partie, d'être menacées, d'être confondues avec des belligérants. C'est important cette distinction que vous faites, Antoine, parce qu'effectivement, l'approche opérationnelle, c'est aussi ce qui va distinguer les ONG entre elles,

[00:35:07] entre l'urgence, urgence et développement, plaidoyer. Évidemment, il peut y avoir une spécialisation thématique. Certaines sont plus portées sur la sécurité alimentaire et la nutrition, d'autres sur le handicap ou l'aide médicale d'urgence. Évidemment, la portée géographique. Mais aussi, l'ancrage confessionnel parce que certaines ont des racines religieuses et d'autres sont laïques.

[00:35:40] On va parler à présent de la problématique de l'eau qui représente 48% de votre budget d'intervention. Vous êtes aussi à l'initiative d'un baromètre de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène. Quels sont les enjeux actuels liés à l'eau et l'assainissement dans les zones d'intervention ? C'est un enjeu majeur. Quand les populations sont victimes de ces chocs que je citais, elles quittent leur domicile pour se déplacer

[00:36:10] dans leur pays d'abord, puis se réfugier dans le pays voisin, puis éventuellement prolonger cette route migratoire vers des pays encore plus loin pour se protéger. Dans les cas de catastrophes naturelles, un tremblement de terre, les gens voient leur maison dévastée, le quartier effondré et donc se retrouvent dehors sous une bâche plastique dépendante d'une aide extérieure. Et l'eau

[00:36:39] est vitale pour venir en aide à ces personnes. L'eau comme l'alimentation, comme un abri le plus modeste possible au départ une bâche plastique, puis une tente, puis un préfabriqué, puis quelque chose de plus en attendant une maison et des soins. Je le disais. Donc, ce sont les actions vitales et l'eau et l'assainissement c'est vraiment transversal à tout ça.

[00:37:09] L'eau est parfaitement liée à l'alimentation, l'eau est parfaitement liée à la prévention des maladies, l'eau est absolument nécessaire pour qu'une famille qui va devoir vivre pendant une période longue puisse recultiver quelque chose, gagner un peu en autonomie, d'un lopin de terre, un peu de maraîchage. Donc, l'eau, c'est véritablement la ligne de vie et ça peut être

[00:37:39] une ligne de mort quand elle n'est pas traitée, quand elle est contaminée, quand elle est polluée. et c'est de ça que l'association a fait son combat pour prendre en compte une thématique particulière, comme vous le disiez, d'autres ont choisi d'autres sujets pour se spécialiser, ce qui n'empêche pas que nous travaillons aussi sur les abris, sur l'alimentation, nous sommes spécialisés dans l'agriculture aussi, quand il faut aider des populations, des racines, etc., nous avons un savoir-faire

[00:38:09] qui est assez complet, mais l'eau, c'est vraiment la ligne de vie qui guide l'action de l'association pour laquelle on s'est véritablement renforcés au regard des défis que nous avons constatés et qui sont aussi documentés par les grands constats après les objectifs du millénaire puisque en 2000, il y a eu ce premier agenda sur les objectifs du millénaire jusqu'en 2015 et on a constaté en 2015 qu'il y avait eu pas mal de progrès dans certains sujets

[00:38:39] mais que la question liée à l'eau et à l'assainissement n'était pas assez prise en compte et que les indicateurs mondiaux sur cet objectif-là n'étaient pas atteints loin de là. Donc, ce que nous vérifions, nous, dans nos pays où nous agissons, s'est documenté au niveau mondial et donc, nous en avons fait un combat et nous publions ce baromètre de l'eau qui s'appuie sur ce que nous faisons sur le terrain. Encore une fois,

[00:39:09] nous ne faisons pas que de l'eau et de l'assainissement mais nous avons une véritable spécialité maintenant qui va de la dotation d'extrême urgence en eau à Gaza où on fait de la déstabilisation d'eau de mer pour la distribuer aux populations. Donc, on a une spécialité sur ce sujet. On est capable d'installer des bâches à eau dans n'importe quelles conditions très rapidement pour que les gens puissent mettre

[00:39:38] une bassine sous la rampe de distribution où il y a de l'eau potable jusqu'à des systèmes plus sophistiqués que nous développons pour remettre en route des petites usines municipales de traitement d'eau en passant par les puits, l'aménagement de puitsards et toute la gamme de ce qui permet de distribuer une eau en qualité et en quantité. Alors justement, je ne sais pas si vous vous souvenez du documentaire Dans la tête de Bill Gates qui est sorti en 2019

[00:40:08] et dans lequel on apprend que le philanthrope américain investit beaucoup d'argent dans une idée révolutionnaire transformer les matières fécales en eau potable pour les pays en développement. Donc, la machine en question c'est l'omniprocessaire elle a été conçue pour récupérer les excréments des fosses sceptiques. Ceux-ci sont ensuite bouillis puis désinfectés à très haute température avant d'être filtrés parce qu'il faut savoir que nos selles sont composées à 75-80% d'eau et la partie solide est ensuite brûlée ce qui génère de la chaleur convertie en électricité.

[00:40:38] Comment le secteur humanitaire et plus particulièrement Solidarité internationale ont-ils accueilli cette innovation ? Alors, je ne sais pas si Cécile a quelques informations qu'elle a pu collecter auprès de ses collègues et pour ma part je n'ai pas connaissance de ce système mais je sais par expérience pour avoir depuis 35 ans dirigé beaucoup d'équipes et les avoir engagés dans énormément de terrains d'intervention d'urgence humanitaire

[00:41:07] ou de développement que nous avons toujours travaillé sur la recherche et le développement dans tous les secteurs y compris celui que vous évoquez sans avoir particulièrement fait breveter une machine comme vous le décrivez mais tout ça fait partie de notre quotidien nous sommes extrêmement ingénieux nous savons à partir des bouts fécales humaines faire du tri pour pouvoir effectivement

[00:41:37] en utiliser une partie qui sera mise dans des champs pour faire de l'engrais une fois que c'est traité décontaminé nous avons beaucoup d'idées qui ont été développées souvent avec les communautés locales qui ont une véritable intelligence de leur environnement et de la manière aussi d'utiliser au mieux les produits qui sont leur quotidien

[00:42:06] pour pouvoir développer et passer à l'échelle ensuite ces systèmes c'est ça la difficulté c'est ce que je viens de dire c'est le passage à l'échelle en fait nous avons aujourd'hui beaucoup de très bonnes idées beaucoup d'inventions intelligentes mais qui ensuite ne me paraissent pas passer à l'échelle pour des raisons tout simplement de marché d'accompagnement financier qui doivent être beaucoup plus importants que ceux dont nous disposons pour pouvoir

[00:42:36] transformer une expérience réussie en quelque chose de plus universelle dans tous les cas de figure nous sommes régulièrement également invités sollicités par des personnes qui créent des systèmes rustiques rudimentaires respectueux de l'environnement dans l'eau pour l'énergie solaire la biomasse le vent etc donc tout ça existe et c'est très bien c'est très bien mais nous sommes attentifs aussi

[00:43:06] à rester dans notre mandat qui est de ne pas être non plus comment dirais-je un laboratoire d'expérience de toutes les bonnes idées et notre mandat nous c'est de délivrer c'est à dire qu'on a 5 millions de personnes tous les jours que nous servons dans 27 pays et donc on prend la technique qui est la plus appropriée pour aller à l'essentiel et délivrer l'eau et gérer l'assainissement dans des conditions dégradées j'aimerais qu'on parle à présent

[00:43:35] du démantèlement de l'USAID qui est l'agence américaine pour le développement international et de la suspension des budgets américains alors il faut savoir que les Etats-Unis étaient jusqu'à présent le premier donateur mondial de l'aide humanitaire en 2024 ils ont contribué à plus de 42% à cette aide et ce démantèlement intervient dans un agenda trumpiste du America First où les intérêts des Etats-Unis priment sur tout le reste et où le hard power a remplacé le soft power

[00:44:05] alors dans la nuit du 26 au 27 février dernier l'USAID vous a donné l'ordre de mettre fin définitivement à vos projets humanitaires au Mozambique au Niger au Soudan en Syrie et au Yémen et de nouvelles fins de contrats pourraient survenir dans les prochaines semaines donc pour le moment il s'agit d'un gel de trois mois mais qui a déjà des répercussions immédiates auprès des ONG internationales mais aussi et surtout locales comment vous composez avec cette incertitude

[00:44:34] ou cette épée de Damoclès au-dessus de la tête si je puis dire ? nous n'avons pas de solution miracle hélas pour pallier à un bailleur de fonds qui représente 40% des financements de l'aide humanitaire dans le monde donc c'est bien dramatique bien indigne de la manière dont c'est mené indigne car on peut tout accepter et un état est parfaitement souverain de ne pas vouloir finalement dépenser autant d'argent

[00:45:04] qu'il le faisait dans son aide publique au développement dans son action humanitaire mais le décider sur des contrats qui sont en cours qui sont signés sur des engagements qui ont été pris c'est hallucinant on n'imagine pas ça dans un milieu commercial vous signez un accord avec une entreprise et puis celle-ci vous dit non non j'arrête le chantier terminé or évidemment aucune ONG ne peut se porter en justice contre la puissance américaine donc on est victime on subit

[00:45:34] cette indignité de la manière dont ça nous est imposé alors même que nous sommes sur des contrats des engagements qui ont été pris de manière parfaitement construite avec des échanges et des signatures entre les partenaires une fois qu'on a dit ça et bien on s'adapte hélas ça signifie très concrètement que la plupart des ONG humanitaires qui dépendaient de ces financements américains vont devoir réduire

[00:46:04] très fortement leurs activités ça passe par inévitablement à l'avenir des mises au chômage des licenciements de nos personnels et ça passe surtout aussi par l'arrêt de l'aide à des millions de personnes qui dépendaient de ça donc si je caricature au risque d'être un peu sommaire Solidarité internationale sert chaque jour 5 millions de personnes 5 millions de personnes 40% ça fait 2 millions de personnes c'est à dire que demain Solidarité internationale

[00:46:34] cessera de secourir 2 millions de personnes qui étaient liées à ces financements américains sur lesquels nous comptions qui nous engageaient personnellement vis-à-vis de ces personnes qui attendaient cette aide que nous avons co-construit avec eux et avec nos interlocuteurs américains de l'époque ces 2 millions de personnes que vont-ils devenir là aussi je ne veux pas être il ne s'agit pas de faire du catastrophisme mais on est dans l'aide humanitaire cette aide humanitaire elle s'adresse à des gens qui sont démunis de tout ils sont victimes d'un choc ils sont sur des routes

[00:47:02] ils sont à côté d'une maison détruite ils sont blessés ils sont affamés donc les plus faibles mourront les moins faibles réussiront à survivre parce qu'ils auront une résilience très forte et ils chercheront à s'échapper de la situation dans laquelle ils sont en allant chercher refuge le plus loin possible mais les plus faibles mourront il n'y a pas de solution miracle on n'est pas dans l'aide au développement on pourrait imaginer que les pays

[00:47:32] puissent puiser un peu plus dans leurs ressources domestiques pour venir pallier à une absence de crédit sur des coopérations techniques on est sur de l'aide humanitaire on pourrait dire plein de choses autour de ce fait d'actualité mais surtout est-ce qu'il n'y a pas un risque aussi de retour d'épidémie parce que pour le coup elles ne connaissent pas de frontières oui la lutte contre le VIH SIDA vous avez beaucoup de financements qui sont américains qui ont permis

[00:48:01] d'aider le PEPFAR qui est une grande organisation il y a énormément pour parler de santé effectivement sur les maladies infectieuses l'arrêt des financements américains notamment pour payer les traitements antirétroviraux des personnes séropositives au VIH SIDA va inévitablement relancer l'épidémie qui était extrêmement stabilisée par cette action conjuguée des financements de la recherche des médicaments à bas prix

[00:48:30] mais qui aujourd'hui va inévitablement repartir à la hausse avec plus de contamination plus de résistance au traitement puisque les personnes vont interrompre leur traitement si leur état ne peut pas payer dans ses ressources domestiques les traitements de soins mais si vous voulez là on est sur cette autre conséquence de l'arrêt des financements américains qui s'ajoute aux conséquences que j'évoquais sur les crises humanitaires qui mettent en péril directement des millions de personnes

[00:49:00] qui ont besoin de cette aide pour boire tous les jours tout simplement boire manger et se protéger sous une simple bâche plastique donc évidemment c'est un tournant majeur je résumais notre mandat à nous humanitaires mais je sais parfaitement l'impact aussi sur l'aide au développement la coopération technique médicale scientifique tout ce que ça va signifier comme choc et dommages collatéraux cet arrêt des financements américains ou en tout cas cette incertitude car il y a l'arrêt et puis il y a l'incertitude c'est demain

[00:49:29] l'aide américaine va se redéployer sous d'autres critères d'autres modalités qu'on ne connaît pas encore et qui nous éloignent de cette vertu qui était très américaine qui rejoignait celle de ECO que je citais tout à l'heure l'Union Européenne à savoir une aide qui se dispense au regard de la souffrance et qui n'est pas décidée sur un agenda politique que vous évoquiez d'influence immédiate voire de rétorsion de punition

[00:49:57] de certains pays ou de punition sociétale de genre qui deviennent des dogmes qui guident cette action américaine sur son aide humanitaire et qui seront naturellement totalement contraires aux principes que j'évoquais et qui doivent rester ceux qui guident la geste humanitaire Justement est-ce que si les financements repartent à l'issue de ces trois mois de gel est-ce qu'il sera éthique

[00:50:26] de les accepter ? Nous verrons nous verrons c'est là où chaque association nous avons un conseil d'administration que je préside de 18 personnes parfaitement lucides et éclairées nous avons un bureau issu de ce conseil d'administration nous avons un directeur général qui anime un excellent comité de direction et nous sommes un ensemble de femmes et d'hommes qui assumons à des degrés divers et des fonctions divers la gouvernance de cette association solidarité internationale et nous nous pencherons

[00:50:56] sur les conditions qui seront posées demain par les américains si nous les estimons compatibles avec notre mandat humanitaire et ses principes nous n'aurons pas de difficulté à les accepter nous ne sommes pas encore une fois opposés à recevoir des financements d'où qu'ils viennent il faut juste qu'ils soient compatibles avec notre mandat humanitaire et ses principes d'humanité d'impartialité d'indépendance de neutralité donc on verra pour l'instant on absorbe le choc

[00:51:26] donc on est en train de fermer des projets fermer des missions fermer des pays on va se préparer à licencier du personnel en France à licencier dans les pays et surtout à regarder le regard des gens qu'on va abandonner parce que ce n'est pas le président américain qui est face à cette femme soudanaise acquis du jour au lendemain on dira c'est fini vous ne comptez plus sur nous nous allons fermer cette antenne de solidarité ici ou là ou au Niger ou au Mozambique parce que nous n'avons plus ce financement ça n'est pas lui

[00:51:56] c'est nous qui devrons assumer ces regards et les porter pour nous éclipser avant de pouvoir éventuellement revenir alors l'UE est le deuxième baillard humanitaire mondial avec une quinzaine de pays qui sont des donateurs significatifs dont la France qui prévoit tout de même une diminution de 50% de son budget d'aide publique au développement c'est dans ce contexte que vous avez adressé avec une centaine d'autres ONG une lettre ouverte aux décideurs de l'Union Européenne et de ses états membres et que vous avez intitulé

[00:52:25] A Call for Humanity quel est votre appel à l'action à travers cette lettre ouverte ? Écoutez d'une manière générale on constate que les américains ont amorcé un repli considérable et un changement d'idéologie mais effectivement ça se conjugue aussi avec une réduction forte des crédits de l'aide publique au développement de la France pour d'autres raisons sur fond de dette qui nous est expliqué en tant que français on écoute on regarde et on voit et donc on constate

[00:52:55] que l'aide publique au développement de la France fait partie des budgets qui ont été les plus impactés pour le budget 2025 et que ça préfigure un recul sur ce que la France avait l'habitude de dépenser jusqu'à présent pour accompagner le développement de ses pays partenaires ou financer des ONG humanitaires et puis l'Union Européenne ça va je pense pivoter d'ici deux ans dans le cycle de financement de l'Union Européenne c'est tous les sept ans donc ça va se terminer en 2027 donc on peut imaginer hélas parce que l'Union Européenne

[00:53:24] c'est pas non plus une institution hors sol elle s'appuie sur 27 Etats membres qui sont très politiques et qui disent à l'Union Européenne ce qu'elle doit faire et donc on peut craindre aussi et penser et on le prévient aussi parce qu'on commence maintenant à avoir un peu l'expérience de ces virages donc l'Union Européenne donc l'Union Européenne va pivoter aussi elle va pas pivoter à la hausse elle va pas pivoter soudainement en allant absorber ce que les Américains ne payent pas puisque tous les pays européens font face à la même crise interne de dettes de difficultés

[00:53:54] bon et donc leurs politiques ont tous annoncé les Anglais les Allemands les Français qui réduiraient l'aide extérieure donc l'Union Européenne va se réduire aussi donc c'est ça cette lettre comme d'autres tentatives de témoignages que nous avons fait et que nous continuerons de faire ne vise qu'à redire ce que nous sommes pourquoi nous le faisons et puis peut-être par différents biais expliquer aux décideurs politiques aux parlementaires qu'à court terme

[00:54:24] ils font des économies c'est certain qu'ils font des économies sur l'année 2025 ça permet de faire des économies en 2026 ça va en faire aussi en 2027 mais je ne suis pas certain en tout cas que ça rendra plus heureux nos compatriotes parce qu'on aura baissé de 50% l'aide publique au développement je ne suis pas certain et deux ça n'est pas non plus certain qu'on échappera à la demande de ces peuples qui souffrent victimes de guerres de catastrophes de sécheresse de changement climatique de venir chez nous tôt ou tard quoi qu'on le veuille et quoi qu'on le dise nous restons des pays riches stables

[00:54:53] et qui sont attractifs donc il faudra bien penser à tout cela et que ce n'est pas en baissant la herse ou en levant le pont-levis en se disant finalement toute cette misère qu'on n'est de plus elle va se tasser toute seule et parallèlement à ça l'écart entre les besoins humanitaires et les financements disponibles a plus que triplé entre 2016 et 2024 cette question du déficit de financement humanitaire elle ne date pas d'hier elle a d'ailleurs été à l'origine

[00:55:23] du concept du grand bargain il y a une dizaine d'années donc c'était un accord entre les plus grands donateurs et les agences humanitaires qui se sont engagées à améliorer l'efficience et l'efficacité de l'action humanitaire mais cette question du déficit elle risque aussi de s'accentuer dans le contexte géopolitique actuel puisqu'on peut s'attendre à un financement de la défense militaire accrue en Europe qui risque peut-être de prendre le pas sur le financement

[00:55:53] de l'aide humanitaire Absolument vous avez parfaitement raison vous avez parfaitement analysé la situation il y a des besoins de renforcement de la défense qui font la une des journaux télévisés tous les jours à aucun moment la guerre au Soudan ou les conséquences humanitaires humanitaires disais-je humanitaires en Ukraine ne font la une de quoi que ce soit donc on voit bien le virage qui est pris on voit bien la priorité qui est prise aussi par les politiques sur la question

[00:56:23] de la sécurité de la défense des migrations et nous nous sommes des acteurs notre métier nous ne sommes pas des banquiers nous avons développé en 40 ans un savoir-faire considérable pour accéder au plus près des populations dans des conditions qui sont dégradées en termes de sécurité mais nous avons réussi à le faire c'est ce que nous avons réussi à faire c'est notre succès nous sommes véritablement arrivés à développer une action humanitaire très impactante qui est redevable c'est-à-dire que chaque sou que nous dépensons est expliqué par des cascades d'audits

[00:56:52] de compte-rendus financiers validés par des commissaires au compte de manière ultra transparente ça c'est notre métier c'est ce que nous avons réussi à construire en 40 ans pour être capable d'être nous les humanitaires dans notre vocation mais aussi pour les états qui nous financent de se dire grâce à ces gens-là ces humanitaires quelque part on arrive aussi à secourir des populations à stabiliser des situations qui nous échapperont totalement si nous ne le faisons pas donc il y avait je dirais un deal finalement qui marchait pas mal chacun dans son mandat

[00:57:21] cohérent avec lui-même nous n'ayons comme seule boussole que la souffrance et les mandats humanitaires et les états qui nous finançaient se disant finalement c'est bien aussi que nous ayons ces professionnels qui font ce travail en allant au plus près qui peuvent agir stabiliser apaiser une seule chose que nous ne savons pas faire c'est s'élever des fonds tout seul des fonds qui tomberaient du ciel ou de faire marcher une planche à billets et puis c'est un cycle c'est ça qu'il faut se dire également c'est que les américains sont rentrés dans un cycle ça va durer 4 ans et seulement 4 ans au bout de 4 ans

[00:57:50] bon 4 ans c'est long mais 4 ans c'est pas 20 ans donc on peut aussi être optimiste en se disant ces cycles là de repli sur soi on les a vécu alors pas avec la même violence ou la même soudaineté mais quand il y a eu la fin de la guerre froide je dirais d'un seul coup les états se sont dit ça y est c'est fini le bloc de l'ouest a gagné la guerre l'URSS s'est terminé tout le monde a abandonné l'aide au développement il y a eu une espèce de désengagement et puis finalement il y a eu une reprise en main c'est là que l'agenda des objectifs du millénaire s'est invité à tous en disant mais on peut pas

[00:58:20] comme ça abandonner tous ces pays même s'il n'y a plus le bipolarisme dans le monde c'est pas possible et puis ce que fait la banque mondiale ou le FMI avec des mesures draconiennes pour tenter de relever des comptes publics et ça marche pas ça attise la violence ça attise les crises sociales donc voilà reprise en main donc il y a des cycles donc là on est dans un cycle d'absorption d'un choc mais on a 4 ans devant nous soyons optimistes je lisais un super article de Care News qui vient de paraître sur l'aide internationale je mettrai le lien en description de l'épisode et dans lequel Francis Charon demande au DG

[00:58:50] de la Fédération Handicap Internationale et au directeur de Coordination Sud si on assiste à la fin d'un cycle ou la fin d'un modèle vous vous penchez plus pour la fin ou le début d'un nouveau cycle que la fin d'un modèle ? Oui parce que la fin d'un modèle ça veut dire quoi ? sans être je veux pas tomber dans l'autosatisfaction mais notre modèle il est évolutif bien sûr on peut toujours gagner en efficience gagner en efficacité mais on va pas réinventer un nouveau modèle qui serait différent on sait ce qu'il faut faire pour secourir les gens c'est pas très compliqué

[00:59:20] finalement ce qui est ultra compliqué de le faire mais c'est pas très compliqué de comprendre ce qu'il faut faire il faut être courageux aller rapidement sur une ligne de front avec des hommes et des femmes qui savent se comporter pour être acceptés par les belligérants pas être menacés faire une évaluation et un diagnostic il faut de l'aussi il faut rétablir un hôpital là il faut apporter des graines et des semences pour relancer ça et ensuite on écrit des propositions on les soumet au bailleur et on envoie des équipes qui eux aussi ont cette capacité de rester des mois sur un terrain hostile difficile en se faisant à nouveau accepter

[00:59:49] pour délivrer cette aide et pour stabiliser une situation et secourir bon voilà c'est ça le modèle alors le modèle je sais pas ce dont parle Francis que je connais bien par ailleurs mais on va pas réinventer un nouveau modèle on va pas parachuter des graines en avion on va pas agir par télépathie ça reste ça le modèle de l'humanitaire par contre on dit peut-être la même chose avec des mots différents ce qui est certain c'est qu'il y a un nouveau monde qui s'ouvre ce nouveau monde il est lié à l'interruption je veux croire temporaire encore une fois par chance les Etats-Unis sont une démocratie tous les 4 ans il y a une élection il peut pas y avoir deux fois de plus

[01:00:19] deux fois de suite le même président il a déjà été élu 4 ans il y a eu une interruption et 4 ans donc au réserve que je me trompe sur la lecture américaine ces 4 ans là c'est les derniers 4 ans alors on pourrait me dire il peut y avoir pire encore après mais bon on peut penser aussi à l'alternance ça arrive dans tous les pays un coup de droite un coup gauche un coup ci un coup ça bon voilà donc parions sur le fait que ces 4 ans là ne vont pas démontrer que le monde s'est mieux porté et peut-être on va boucler un cycle et puis les choses s'amélioreront et dans tous les cas de figure nous ce qu'il faut faire évoluer par contre c'est notre manière

[01:00:48] de continuer de mener notre mandat avec moins de financement d'autres financeurs qu'il va falloir trouver c'est pas évident ça c'est le travail de nos équipes de communication vers les entreprises des philanthropes mais là encore on sait ce qu'il faut faire mais l'argent il tombe pas du ciel les entreprises elles sont toutes les mêmes les mêmes qui sont sollicitées donc on sait ça alors on va peut-être aussi se fusionner les ONG entre elles pour faire des économies je ne sais pas on va être agile on saura absorber ce choc ce qui est certain c'est qu'on ne servira pas davantage de personnes

[01:01:16] qu'on va devoir se rétrécir pour rebondir ensuite mais je ne crois pas que le modèle le modèle la finalité de l'humanitaire est appelé à changer si je peux me permettre de rebondir effectivement je pense que je rejoins complètement Antoine on fait face à une crise des financements donc si le modèle qui doit évoluer il y a et croiser des chemins il y a c'est sur peut-être sur les modalités de financement et effectivement avec une répartition un peu différente

[01:01:48] des modalités de financement de l'humanitaire mais les besoins malheureusement ils sont grandissants ils vont aller encore grandissant très certainement l'expertise des humanitaires elle s'est énormément développée et elle va aller encore grandissant parce que cette capacité d'adaptation à quoi qu'il arrive trouver les moyens les moins coûteux aussi pour continuer à délivrer un maximum d'aide l'expertise dont parlait Antoine tout à l'heure et la transparence c'est aussi

[01:02:17] il y a une efficience du secteur associatif et du secteur humanitaire en particulier dans la capacité à faire un maximum avec peu qui n'a fait que croître avec le temps et donc ça ça ne va pas changer et finalement les humanitaires et solidarités internationales vont s'adapter à une donne financière qui est celle d'aujourd'hui pour continuer à poursuivre un seul et unique objectif inlassablement qui est agir au maximum

[01:02:46] là où le besoin se fait sentir et certes on ne pourra pas compte tenu des circonstances actuelles servir autant qu'on le souhaiterait de gens dans le besoin mais on continuera et on devra faire des choix et des priorités c'est un fait mais on continuera et donc finalement aujourd'hui la problématique et là moi je serai assez positive c'est qu'effectivement on est dans un flou et c'est ce qu'il y a de plus compliqué d'être dans le flou on est à la croisée des chemins il y a des choses

[01:03:15] qui vont évoluer mais on le voit le repli sur soi qu'on constate et qui aboutit à ces décisions aujourd'hui c'est un repli sur soi des états le déficit de confiance c'est un déficit de confiance qu'ont les gens dans les états mais en revanche la confiance qu'a l'opinion publique elle s'est déportée petit à petit des états vers le domaine qui intervient pour l'intérêt général la volonté du public de s'engager que ce soit à titre individuel

[01:03:45] en tant qu'entreprise en tant que philanthrofe ou en tant que ma grand-mère qui fait des dons n'a jamais été aussi grand c'est à dire que pour le coup moi je ne crois pas parce qu'un homme à la tête des états unis et l'ensemble d'un gouvernement prennent des décisions que personnellement et à titre d'individu j'ai du mal à comprendre je ne crois pas que pour autant l'ensemble du public est renoncé à ce qui nous fait tenir ensemble et être société

[01:04:15] à savoir le partage de valeurs humanistes des valeurs de solidarité et la défense de celle-ci donc je pense que le jeu va se va certainement se redistribuer un peu différemment on doit réinventer réinventer des propositions d'engagement peut-être aller vers d'autres publics recevoir de l'aide d'autres personnes donateurs entreprises philanthropes ou autres mais je suis certaine qu'en tout cas notre action elle va se poursuivre

[01:04:44] parce qu'elle est vitale tout simplement et vous citiez Charlotte tout à l'heure le grand barriane ce concept issu du premier sommet humanitaire mondial qui s'est tenu en Turquie en 2016 et à l'époque effectivement la seule contrainte auxquelles nous faisions face c'était l'augmentation des besoins humanitaires avec des financements qui restaient stables et là aujourd'hui ce grand bargain évidemment il reste d'actualité sur le principe puisque la finalité du grand bargain c'est de réduire au maximum leur coût de mise en oeuvre

[01:05:13] et puis pour les donateurs de réduire la préaffectation des fonds pour distribuer l'argent là où il est nécessaire et pas trop flécher sur certaines causes ou certains pays mais les ONG humanitaires aujourd'hui elles sont extrêmement touchées par la baisse des financements américains et demain par la baisse de l'aide publique française et après-demain par la baisse des fonds européens le grand bargain il y avait des signataires aussi il y avait des états plus de 30 états des nations unies mais surtout des états et les américains

[01:05:43] on met un énorme coup de canif dans tout ça le grand bargain dans sa philosophie reste intéressant comme idée faire plus avec moins d'argent mais à un moment donné ce concept là se heurte aussi à un principe de réalité déjà à l'époque alors que la situation n'était pas trop mauvaise il y avait une générosité importante pas suffisante mais très importante et là maintenant évidemment ça rebascule toutes les cartes pour redéfinir des priorités en allant en plus à l'essentiel du life saving comme on dit life saving c'est-à-dire que les ONG humanitaires

[01:06:13] vont se recentrer sur leur mandat de sauver des vies et de frontliner aller le plus près possible de la cause la plus importante la plus aiguë ça va être ça notre avenir dans ce cycle là de ces quatre années et j'espère une reprise d'une raison je parle pas de générosité mais d'une raison car les états ne doivent pas se tromper je le disais tout à l'heure les humanitaires savent pourquoi ils font leurs gestes mais les états c'est aussi politique ils ont eu bien raison de créer écho et ils ont eu bien raison de se doter de ministres dédiés à l'action humanitaire

[01:06:42] et ils ont eu bien raison de s'impliquer dans l'humanitaire parce que l'humanitaire aujourd'hui c'est véritablement essentiel aussi à l'harmonie entre les nations et même les américains peuvent en avoir besoin j'ai le souvenir de l'ouragan Katrina c'était en 2005 où la croix rouge américaine à l'époque j'étais directeur international de la croix rouge française et bien la croix rouge américaine toute croix rouge qu'elle était et toute américaine qu'elle était devant l'ampleur des dégâts de Katrina en Louisiane a lancé un appel à la fédération internationale de la croix rouge pour être appuyée et j'ai envoyé une équipe

[01:07:12] de 15 personnes spécialistes en traitement d'eau et en logistique de mes équipes de la croix rouge française à Bâton Rouge en Louisiane alors aujourd'hui les américains pensent qu'ils peuvent cesser d'aider le monde demain ils auront peut-être besoin qu'on vienne les aider comme nous la France on a été content aussi d'être aidé par les américains à travers les ONG que je citais en 1918 1920 qui sont venus aider nos populations dévastées affamées par les grands conflits mondiaux en 1945 en 1946 et donc c'est notre conscience aussi

[01:07:41] c'est notre conception de l'histoire et notre compréhension que la roue tourne et que si nous sommes aujourd'hui protégés nous ne l'avons pas été hier et nous avons été heureux que d'autres généreux anglais ou américains comme nous avons pu nous venir en aide aussi de temps en temps aux américains je citais cette anecdote c'est une anecdote bien entendu il faut la remettre dans son contexte mais c'est une question aussi de philosophie et de compréhension c'est très très juste et merci de l'avoir mentionné j'étais d'ailleurs présente à la Nouvelle-Orléans en 2005 et je peux témoigner du traumatisme

[01:08:10] présent à ce moment-là Cécile face à l'effondrement des financements institutionnels américains et à la pression sur les budgets européens j'aimerais quand même vous entendre sur la manière dont vous envisagez de transformer votre stratégie de collecte de fonds actuellement vous avez je crois plus de 50 000 donateurs actifs ce qui représente un petit peu moins de 28% de vos ressources

[01:08:41] versus le budget des Etats-Unis par exemple qui représente 36% de vos ressources donc on voit bien qu'il y a une sorte de rééquilibrage à trouver en allant en cherchant à agrandir ce bassin de donateurs est-ce que vous avez vous avez des stratégies en particulier auxquelles vous pensez comment vous voyez un petit peu de l'avenir à ce niveau-là de la collecte ce qui est le socle important

[01:09:10] de notre collecte aujourd'hui et qui va le rester encore demain c'est vraiment comme beaucoup de nos collègues du secteur humanitaire nous nous appuyons sur la générosité de donateurs individuels qui donnent mensuellement ce qui nous permet d'avoir vraiment quelque part effectivement un socle solide une base solide avec des donateurs extrêmement fidèles qui quelque part nous donnent entre guillemets par abonnement puisqu'ils nous donnent chaque mois

[01:09:40] c'est quelque chose qui représente la moitié de nos ressources aujourd'hui issues de la générosité publique c'est quelque chose qu'on souhaite pouvoir développer également parce que c'est un relationnel très particulier qu'on a avec ces bailleurs individuels qui chaque mois font un geste vers autrui et qui expriment ainsi leur générosité donc on souhaite poursuivre ce développement c'est quelque chose

[01:10:09] de très important pour nous parallèlement la collecte digitale est quelque chose qui se développe de plus en plus aussi parce que ça permet d'amener des populations un tout petit peu plus jeunes que le cœur de cible donateur a des actes de générosité a des dons que souvent des typologies de donateurs qui ne sont pas des donateurs classiques qui n'ont pas l'habitude de donner sont touchés

[01:10:40] par notamment des situations d'urgence et décident de faire un don donc c'est vrai que c'est quelque chose et le font par le biais du digital parce que c'est très immédiat et très émotionnel est très simple quelques clics et le don est fait donc on a une réelle importance de développer notre visibilité notre notoriété solidarité internationale est très connue parmi les humanitaires très connue pour son action

[01:11:09] aussi sur le terrain auprès de ses bénéficiaires bizarrement moins connue du grand public en France et à l'international en tout cas pour cette dimension on est connu pour ce qu'on fait auprès des gens qui bénéficient de nos actions mais pas suffisamment du grand public donc on a un enjeu important de développer notre notoriété notre visibilité ce qui permettra d'autant plus de développer notre collecte digitale donc cette collecte qui repose sur la présence à l'esprit

[01:11:38] et c'est pas un défi de défendre les valeurs de solidarité internationale dans un contexte un peu délétère donc d'inflation de montée des nationalismes on voit aussi apparaître et c'est assez nouveau des discours antidroit avec en ligne de mire des organisations qui défendent les migrants ou des organisations environnementales c'est-à-dire qu'il y a une parole complètement décomplexée sur les réseaux sociaux il y a même certaines ONG qui témoignent d'attaques reçues

[01:12:07] c'est pas un défi enfin ce sont pas des défis que vous vous anticipez pour intéresser et mobiliser les donateurs je ne crois pas je crois qu'aujourd'hui la caisse de résonance des médias fait la part belle à l'archipélisation à cette forme de repli sur soi et ces positionnements plus extrêmes mais je crois que fondamentalement et sur l'ensemble de la société il y a plus de monde

[01:12:37] qui au contraire a besoin de ces valeurs refuges de faire société ensemble autour de valeurs de partage de solidarité et je crois que la société dans son ensemble contrairement à l'image que veut bien nous renvoyer X est prête justement à se dresser pour répondre solidarité face aux urgences face aux besoins je pense que Cécile tu as raison de dire ça je pense que Cécile souligne quelque chose qui est très important c'est qu'aujourd'hui

[01:13:07] les micros des médias et les réseaux sociaux hélas ne se tendent que vers les artisans de la fake news totalement désinhibés comme vous le disiez Charlène qui disent tout et son contraire en sortant de leur contexte à la mode américaine des engagements français au titre de surdaites publiques au développement qui sont la plupart du reste erronés donc ça c'est hélas une réalité c'est à dire qu'on voit que les médias aujourd'hui ne donnent pas la parole ou ne tendent pas le micro aux autres et ils sont très nombreux de nos compatriotes qui pensent que la France pour ce qui concerne la France

[01:13:36] et donc leurs impôts nos impôts ont parfaitement encore une logique à s'inscrire dans cette aide publique au développement dont fait partie l'aide humanitaire et je pense que c'est la même chose dans la plus grande partie des pays mais pour l'instant on n'entend pas ces voix-là pas assez donc il est urgent que ces voix-là soient entendues je comprends que c'est peut-être moins attractif que tendre le micro à quelqu'un qui dit tout le mal qu'il pense de l'action humanitaire que nous menons à droite et à gauche mais ça me paraît être essentiel et nous n'aurons pas de mal

[01:14:05] à trouver un certain nombre de compatriotes qui payent leurs impôts ou d'élus qui diront que c'est nécessaire et ça c'est notre mission de demain avec nos équipes de communication c'est donc de dire d'expliquer de ne pas être des activistes acharnés d'expliquer juste factuellement ce que nous faisons et de tenter de faire comprendre comme je vous le disais tout à l'heure que ça peut arriver à chacun de nous qu'il ne faut pas se tromper que nous avons été des réfugiés de déplacer nos parents nos grands-parents nos arrière-grands-parents ont été sur des routes

[01:14:35] poudreuses ou sont venus d'autres pays pour devenir français je pense que c'est ça aussi ce sont ces histoires-là c'est de réexpliquer l'histoire et que cette affaire d'aide humanitaire c'est quelque chose d'assez universel et que c'est pas une affaire de boutiquier où on coupe les vannes pour punir tel pays tel monde humanitaire taxé de wokisme ou de je ne sais quelle idiotie qui n'a rien à voir avec ce que nous sommes pour tenter de nous stigmatiser et de nous diaboliser donc on a cette mission aussi qui s'ajoute à nos missions

[01:15:03] c'est d'être vocaux de parler d'expliquer et donc évidemment nous préférons nous consacrer à ce pour quoi nous sommes créés mais on comprend que ça va s'additionner aux efforts que nous devons faire pour expliquer qui nous sommes alors pour conclure c'est c'est c'est c'est et Antoine malgré les défis considérables que nous avons évoqués ensemble crise de financement tension géopolitique ampleur des besoins quel message d'espoir avez-vous envie d'adresser aux auditeurs qui nous écoutent déjà je pense que

[01:15:33] au niveau espoir moi je suis convaincue parce qu'on m'a beaucoup appris ça dans ma précédente expérience ce qui fait que c'était notre devoir à nous fundraiser donc à moi en particulier de faire de tout problème une opportunité on s'y emploie on s'y emploie au quotidien et on a la chance de pouvoir s'appuyer à la fois sur un bassin de soutien de donateurs qui nous suivent déjà qui est extrêmement engagé les actions menées par des influenceurs comme vous Charlène pour mieux nous faire connaître

[01:16:03] et nous permettre d'agrandir encore cette communauté de soutien sont cruciales sont clés nous allons les multiplier et donc j'ai envie de dire qu'aujourd'hui à ceux qui nous entendent s'ils ont envie de faire un geste d'espoir le plus simple c'est de souscrire un don régulier auprès de Solidarité Internationale ça apportera une action concrète sur le terrain avec une expertise qui a été nourrie par 45 ans d'expérience

[01:16:33] au plus près des populations les plus fragiles avec une rigueur un engagement et un enthousiasme sans commune mesure donc voilà ça se passe sur solidarité.org solidarité au pluriel et ça prend 5 minutes il n'y a pas de petite contribution 5 euros par mois 10 euros par mois 15 euros par mois ou plus si on en a la possibilité mais voilà faire un geste d'espoir concret c'est ça aussi

[01:17:02] c'est faire un don pour conclure je dirais que les personnes qui nous écoutent qu'en soutenant une ONG de leur choix de leur cœur c'est aussi un peu de leur conscience qu'ils engagent dans cette action universelle qui aujourd'hui bénéficie à d'autres et qui demain peuvent leur bénéficier à eux ou à leurs enfants c'est quelque chose véritablement qui doit se distancer de la politique la politique elle est partout les ONG sont aussi politiques on fait partie d'une société on est des acteurs

[01:17:31] mais la politique au sens grec du terme pas la politique d'affairisme cette politique là on n'en fait pas des ONG donc éloignons-nous de ça et que nos donateurs ceux qui nous font confiance nous aident à nous préserver de cela pour pouvoir poursuivre ce mandat qui s'adresse à des gens qui aujourd'hui sont dans le plus grand péril qu'ils n'ont pas choisi ils ne sont pas coupables ne nous trompons pas les migrants ne sont coupables de rien les gens heureux ne migrent pas quand on migre c'est bien

[01:18:01] parce qu'on est victime d'un choc et chacun de nous peut demain être victime d'un choc c'est vraiment ça le message que les uns et les autres doivent comprendre nous ne sommes coupables de rien et nous n'aidons en aucune manière des gens qui seraient coupables de quelque chose enfin les ONG humanitaires sont exemplaires dans la gestion des fonds puisqu'aujourd'hui l'argent est l'obsession de tout le monde on est totalement obsédé par ça c'est l'actualité nous avons des comptes ils sont vérifiés ils sont contrôlés ils sont publiés une ONG comme Solidarité Internationale

[01:18:30] qui avant la cessation des crédits américains était au tout à l'entour de 190 millions d'euros annuels pour servir 5 millions de personnes est gouverné par un conseil d'administration de 18 personnes et de son président votre serviteur totalement bénévole je ne connais pas d'entreprises du CAC 40 ou d'autres entreprises qui ont des gouvernances totalement bénévoles nos directeurs nos salariés sont payés 30% en dessous de ce que le même marché économique leur proposerait donc n'écoutez pas les voix qui disent les humanitaires

[01:18:59] s'enrichissent ou comme si nous étions un club de vacances nous sommes dépositaires d'une mission au nom de notre conscience à tous pour secourir ceux qui sont victimes d'un choc nous le faisons consensueusement nous le faisons avec beaucoup de rusticité et personne ne s'enrichit personne ne détourne de l'argent public nous sommes ultra contrôlés nos sites internet sont là nous répondons aux questions nous avons des adhérents qui augmentent d'année après année donc ça je m'en félicite

[01:19:28] nous avons un socle d'adhérents qui ne cesse de grossir qui nous font confiance et ça c'est ce message d'espoir qu'on peut partager avec tout le monde pour dire rejoignez-nous ne nous laissez pas tomber ne vous laissez pas tomber aussi une ONG qui meurt c'est un peu de notre raison d'être de notre dignité de notre éthique qui disparaît mais écoutez je voudrais vous remercier chaleureusement tous les deux pour votre partage aujourd'hui on a vraiment pris le temps ensemble

[01:19:57] de décortiquer ce qu'est l'humanitaire de regarder aussi en profondeur ce que fait Solidarité Internationale évidemment en abordant l'actualité et vos défis actuels j'espère qu'en tout cas que vos appels seront entendus largement par nos auditeurs et que ça leur donnera l'envie d'accomplir un geste de générosité que ça soit faire un petit don à la hauteur de ses moyens ou tout simplement

[01:20:26] aller faire un tour sur votre site internet voir ce que vous faites découvrir votre baromètre de l'eau s'informer c'est déjà faire un premier pas alors je mettrai bien entendu tous les liens en description d'épisode et merci merci encore pour votre expertise on vous souhaite beaucoup de courage pour affronter ces prochaines semaines dans l'incertitude au revoir Charlène merci beaucoup merci Charlène

[01:20:56] merci beaucoup merci beaucoup d'avoir écouté Philanthropio vous avez aimé l'émission dites le moi avec 5 étoiles et des commentaires sur l'application Atel Podcast vous pouvez retrouver également tous les épisodes sur philanthropio.com si vous souhaitez réagir écrivez-moi à charlène à philanthropio.com à bientôt pour dérouler le fil de nouveaux récits à bientôt

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